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Adolph Arthur Marx, mieux connu sous le nom de Harpo Marx, est né le 23 novembre 1888 à New-York. Il est le second frère à naître. Il vécut une enfance plutôt difficile notamment à l’école où il subissait des brimades du fait qu’il était le seul enfant juif. Dès l’âge de huit ans, Harpo décide de quitter l’école. A partir de ce moment, il commence son éducation dans la rue et doit se débrouiller pour gagner de l’argent. Minnie, qui voulait que ses enfants réussissent dans le vaudeville, acheta un piano mais ne put offrir des leçons qu’à Chico, celui-ci devant enseigner ce qu’il avait appris à Harpo. Mais Chico n’était pas un professeur très sérieux et Harpo n’apprit que quelques rudiments, juste assez pour savoir jouer deux morceaux.

« Quant à moi, je crains avoir été un laissé pour compte dans le cadre du Plan Magistral. Il allait sans dire que j’étais le membre de la famille dépourvu de tout talent. Mais comme Minnie ne voulait que je sois une pure perte, elle me fit prendre des leçons de musique de seconde main. Autrement dit, Chico m’enseignait tout ce que son professeur lui avait montré au piano. » […] « Mais il ne put se résoudre à perdre encore du temps avec moi pour me passer ses connaissances musicales toutes fraîches, comme l’avait prévu Minnie. Et je n’étais pas admis dans le salon pendant que le professeur y était, car ma présence aurait fait augmenter sa paie hebdomadaire au double de son taux actuel. Alors, le peu de piano que je sais, je l’ai appris tout seul. »

Jusqu’en 1910 environ, Harpo connut beaucoup de métiers différents… et ceci dura jusqu’à ce que sa mère Minnie décida de l’incorporer aux « Three Nightingales », composés alors de Groucho, de Gummo et de Lou Lévy et qui se transforma en « The Four Nightingales ».

« Coney Island, New-York : Un beau jour, donc, je fis mes débuts au théâtre Henderson. Je fis en même temps dans ma culotte : tout honteux et gêné que je sois, Minnie me fit savoir qu’il n’était pas question que je quitte la scène sous un prétexte aussi futile. Elle fit sécher mes pantalons dehors, à la brise marine, pendant les entractes. Au deuxième spectacle, j’étais déjà beaucoup moins effrayé et même presque enthousiaste, à tel point que tout le monde craignait que je ne me mette à chanter. »

Alors commença pour Harpo de longues années de tournée avec des numéros tels que « Fun In Hi Skule » en 1912, « Mr. Green’s Reception » en 1913, « Home Again » en 1914, « The Cinderella Girl » en 1918 ou encore « On the Mezzanine Floor » en 1921.
Mais c’est le spectacle « Home Again » qui va s’avérer décisif pour la carrière future de Harpo.
Pourquoi ? car ce spectacle avait été écrit par Al Shean, leur oncle, et celui-ci s’était concentré sur le personnage de Groucho et n’avait écrit que trois lignes de texte pour Harpo. Mais celui-ci n’était pas d’accord et avait pris l’habitude d’improviser son texte. Mais c’était sans compter sur un critique qui, s’il plébiscitait le talent de pantomime de Harpo, le critiqua fortement en disant qu’il ruinait son numéro dès qu’il se mettait à parler. Harpo le prit mal mais décida finalement d’abandonner tout texte et de se consacrer uniquement à son numéro de pantomime. Harpo ne dit alors pratiquement plus un mot durant toute sa carrière.

« Le Marx Brother qui tient le rôle de Patsy Brannigan est très amusant, dans sa pantomime, déguisé en immigrant irlandais, malheureusement tout est gâché dès qu’il se met à parler ». […] « En lisant cette critique, je sus enfin que l’Oncle Al avait raison. Inutile pour moi d’essayer de parler comme le faisaient Groucho et Chico. Néanmoins, ce fut un coup cruel pour mon amour-propre ».

Après une tournée en Angleterre qui connut beaucoup de succès, les Marx Brothers revinrent aux Etats-Unis. En 1924, avec leur spectacle « I’ll Say She Is », Broadway leur ouvre ses portes. Ils obtinrent d’excellentes critiques, notamment de la part d’Alexander Woolcott.

« Harpo Marx et ses frères, de quoi vous faire pleurer de rire au Casino » par Alexandre Woolcott :

« Etant l’un de ceux, très nombreux, qui ont ri immodérément durant tout cet excellent spectacle qui passe pour la première fois à New-York, revue qui s’appelle si je ne me trompe « I’ll Say She Is », étant donné que je suis donc de ceux qui ont ri d’une manière indécente à cette arlequinade, je dois vous en rapporter quelques passages, parmi les plus comiques dont puisse se régaler un noctambule, ce mois-ci. C’est un arrangement coloré et mouvementé qui promet le plus brillant avenir à ces quatre comiques pleins de talent : les quatre Marx Brothers. Vous pouvez vous déranger, rien que pour voir le frère silencieux, rusé, changeant, toujours surprenant, vraiment le comique parmi les comiques chez les Marx. Ce gars, mentionné quelque part sur un état civil sous le nom d’Adolph, c’est Harpo Marx. »
« Je trouve qu’on devrait danser dans les rues lorsqu’un grand clown arrive en ville, et l’on peut dire que cet homme est un grand clown. Connu officiellement comme un membre de la famille Marx, il appartient en réalité à une famille plus vaste qui comprend Joe Jackson, Bert Melrose et les Frères Fratellini. Harpo Marx qui, assez bizarrement, s’est trouvé un style en jouant de la harpe, ne prononce pas une seule parole du début à la fin du spectacle. Mais, si quelqu’un, en se faisant aider simplement d’un de ses frères, peut nous paraître intensément et irrésistiblement amusant, quel besoin y aurait-il qu’il parle ? »

Celui-ci va devenir un des meilleurs amis de Harpo pendant de longues années et va lui ouvrir les portes de l’Hôtel Algonquin et lui faire rencontrer de nombreuses personnalités telles que Robert Benchley, Herbert Bayard Swope, George S. Kaufman, Harold Ross, etc.… Jusqu’en 1929, la vie de Harpo se partageait entre ses shows à Broadway avec ses frères (« The Cocoanuts » en 1925, « Animal Crackers » en 1928) et les parties de jeu à l’Algonquin avec ses amis.
1929 est une année charnière pour Harpo car elle marque ses débuts au cinéma (même s’il a un tout petit rôle dans le film Too Many Kisses réalisé en 1925 par Paul Sloane), mais c’est également l’année de la mort de sa mère Minnie ainsi que du krach boursier de Wall Street.
Va s’ensuivre une carrière de vingt ans au cinéma avec ses frères (jusqu’en 1949 avec Love Happy).
Il faut également signaler qu’Harpo s’est marié une seule fois, le 28 septembre 1936, avec Susan Fleming et qu’ils adopteront ensemble quatre enfants : William Woolcott Marx (« Billy »), Alex, Jimmy et Minnie.
Mais Harpo ne s’est pas contenté de faire que du cinéma, puisqu’en 1933 il a été le premier artiste américain à se produire en URSS. D’autre part, avec l’entrée en guerre des Etats-Unis et comme de nombreux autres artistes, Harpo voyagea pour entretenir le moral des troupes.

« Pendant quatre ans, je fis des tournées chez les GI. Deux cent mille miles parcourus, un demi-million de soldats spectateurs. J’ai donné des représentations dans des camps, des champs d’aviation, des bases navales, des hôpitaux, des ports d’embarquement, des centres, des services et des états-majors. J’ai traversé tellement de fois de continent que j’ai perdu le peu de sens de l’orientation qui m’était resté. »

A partir de 1949, il apparaît à la télévision dans des shows tels que « Candid Camera » en 1953, « The Colgate Comedy Hour » en 1954, « Playhouse 90 » en 1957, « The June Allyson Show » en 1960, etc… D’autre part, il apparaît dans un épisode de « I Love Lucy » en 1955 ou il va rejouer avec Lucille Ball la célèbre scène du miroir (ici) du film Duck Soup. Il faut également mentionner en 1959 « The Incredible Jewel Robbery » qui marque la dernière apparition à l’écran des trois frères ensembles.
En 1961, Harpo publie son autobiographie Harpo Speaks.
Harpo est décédé le 28 septembre 1964 à la suite d’une opération à cœur ouvert.

Le personnage :
Harpo joue le rôle du muet. Il est affublé d’une perruque (d’abord rouge puis blonde) et porte un imperméable trop grand pour lui d’où il tire toutes sortes d’objets, du saucisson à la tasse de café… D’autre part, il joue de la harpe dans presque tous les films des Marx Brothers (les deux films où il n’y a pas de solos de harpe sont Duck Soup et Room Service).
Trois gestes particuliers n’appartiennent qu’à lui : d’abord le fait de faire des bulles avec la fumée de sa cigarette, d’autre part le fait de « donner sa jambe » à d’autres personnes (il fait voir les films pour comprendre) et enfin sa célèbre grimace ou « gookie ». Mais laissons Harpo nous raconter comment cette grimace fut à l’origine de sa vocation d’acteur :

« L’homme qui le premier m’a donné l’idée de devenir acteur fut un gars qui se faisait appeler Gookie. Gookie n’avait rien à voir avec le théâtre. Il roulait des cigares dans la vitrine d’un tabac de Lexington Avenue. » […] Gookie travaillait sur une table basse, face à l’avenue, derrière la vitre. C’était un petit homme grumeleux, le teint de la même couleur que celle des feuilles de tabac qu’il utilisait pour rouler les cigares, comme s’il avait attrapé cette couleur à cause d’une surexposition au tabac. Il portait toujours une chemise sale, à petites rayures, sans col, des manchettes en cuir. Qu’il fût assis derrière sa table derrière la vitre ou qu’il fît des courses pour les joueurs de cartes, Gookie était tout le temps en train de grogner et de marmonner pour lui-même. Il ne souriait jamais. Il faut dire que Gookie était déjà assez drôle à regarder quand il ne travaillait pas ; mais lorsqu’il se mettait à toute vitesse à rouler des cigares, il offrait un spectacle unique. C’était une merveille de voir à quelle allure bougeaient ses petits doigts boudinés. Et lorsqu’il se laissait aller à accomplir son boulot à la perfection, il était tellement absorbé qu’il ne pensait même pas aux grimaces qu’il pouvait faire. Sa langue pendait comme un gros rouleau, les joues se gonflaient, les yeux exorbités se mettaient à loucher. J’avais pris l’habitude de m’installer devant la vitrine et de pratiquer l’imitation du regard de Gookie pendant quinze ou vingt  bonnes minutes, utilisant la vitre de la vitrine comme miroir. Il était trop pris par son travail pour me remarquer. » […] Sans le savoir je devins un acteur. Un personnage était né dans la rue, devant la vitrine du magasin de cigares, un personnage qui, en fin de compte, allait m’entraîner loin des rues d’East Side. Des années plus tard, dans toutes les pièces comiques et dans tous les films où j’ai joué, j’ai « montré un Gookie » au moins une fois. »

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Il ne vous reste plus qu’à essayer de les découvrir par vous-mêmes…

L’origine de son surnom :
C’est à Rockford, en Illinois, que le monologuiste Art Fisher leur attribue leurs surnoms. Enthousiasmé par leur spectacle, il les invite à dîner. C’est au cours de la partie qui s’en suivit qu’il va leur donner leur nouvelle identité.
Adolphe (Arthur) Marx va être appelé Harpo tout simplement parce qu’il joue de la harpe.